Le Mague : 22 Septembre 2006.

Logo Le MagueLa Présidentielle 2007 sera musicale ou ne sera pas.

Vous comptiez en prendre plein les yeux mais il faut savoir que d’ores et déjà les artistes français rivalisent d’inventivité pour mettre en sons nos animaux politiques qui ne sont pas les derniers des maitres-chanteurs. Dans ce jeu de parodie musicale, de mix, de délire et de regard malin porté sur l’évènement, LA VOIX OFF et POLEMIX ont plusieurs longueurs d’avance avec leur disque LA PRESI-DANCE.

LA PRESI-DANCE est un double album en un seul disque avec plus de 70 titres remixés avec des voix de politiques, des discours, des phrases fortes ou assassines.
En autant de petits bijoux d’ambiance, LA VOIX OFF et POLEMIX s’intéressent à la Droite avec des morceaux qui mettent en sons notre Président Chirac, Sarko, Bayrou (faut-il encore le mettre à droite celui-là ?) mais aussi les socialistes et les autres.
Du coup LA PRESI-DANCE est un objet hors norme qu’on peut écouter dans son salon mais aussi sur lequel on peut danser en boîte de nuit. Ces deux génies nés et devenus célèbres sur le web ont réussi un prodige : faire du sociétal, de fines analyses politiques, de l’Art Contemporain et de la vraie musique expérimentale bien maîtrisée et particulièrement audacieuse au sein d’un ensemble épatant, drôle et plein de sens.
De nombreux tubes en devenir composent ce meilleur of LA VOIX OFF et POLEMIX, l’objet est très esthétique grâce aux dessins de Luz. « Nous sommes de droite« , « Les cornichons« , « Moi je veux moi« … sont des recueils de bons mots, de phrases décalées, de trouvailles poétiques et satiriques de premier plan.
On est bluffé par les montages saugrenus et délirants de ces deux artistes et sait qu’il faut un sacré savoir-faire pour arriver à ce niveau de pertinence musicale. Les morceaux d’écoutent en boucle et feront pour les générations futures des documents historiques de premier choix.
Rien qu’en écoutant LA PRESI-DANCE on comprend mieux les enjeux, les doutes, les batailles, les peines, les joies… de la campagne 2007 de manière bien plus satisfaisante que n’importe analyse politique sérieuse.
La satire sociale, le travail de ces créateurs doit être pris de deux manières. Au premier et au second degré. L’écoute est agréable mais il faut voir et entendre au-delà. LA VOIX OFF et POLEMIX font avec ce disque un travail de mémoire qu’il ne faudrait surtout pas sous-estimer.

Frédéric R. Vignale.
http://www.lemague.net

Libération : 16 Janvier 2006.

Logo LibéLe remix de Sarkozy ne fait rire ni la Sacem ni les « Inrocks« .

Le titre a été écarté d’une compile de l’hebdo. Censure selon ses auteurs.

« Tous les ans on met une chanson gag dans la compile des Inrocks, les autres années, les gags faisaient plus l’unanimité que celui-ci« . Le « gag » symptomatique dont parle le journaliste Daniel Beauvallet s’avère être un remix caustique des discours de Nicolas Sarkozy intitulé Tous les tizenfants, un titre qui n’apparaît finalement pas sur la compilation CQFD (Ce qu’il faut découvrir) consacrée à la découverte des jeunes talents français sortie le 28 décembre. «On nous a appelés pour nous dire qu’on était sélectionnés, le titre avait beaucoup plu à Monsieur Beauvallet« , expose Polémix, avant d »être retoqué. Un revirement qu’ils attribuent à un avis défavorable d’un responsable juridique de la Sacem, estimant que «le titre n’est pas diffusable». Raison invoquée, «le montage des propos de Nicolas Sarkozy rappelleraient les crimes nazis, la sélection d’êtres humains».

«Faire rire» : «C’est absurde s’insurge Polémix, c’est juste un jeu de montage avec les bouts de phrases que j’ai récupérées, je n’ai pas cherché à faire une parabole de l’extermination nazie. Notre intention n’est pas d’insulter, mais de faire rire». Animateurs d’une émission sur Radio Béton à Tours, les comparses sont passés maitres dans l’art du collage politico-rigolo en vogue sur le net, atomisant et recomposant les discours des politiciens jusqu’à leur faire dire les choses les plus grotesques ou les plus ignobles : «On recycle les déchets médiatiques, les petites phrases qui font l’actu puis sont rejetées par les médias, on fait de la contestation joyeuse et thérapeutique, explique Polémix qui parle de «censure».

La Voix Off tempère, parle plutôt «d’autocensure» : la Sacem – partenaire du concours – qui «fait peur», et «les Inrocks qui se dégonflent». «Pas étonnant, la peur et la censure sont dans l’air, analyse la moitié du groupe dans un manifeste envoyé par mail. «La peur répercutée par les médias est l’arme des idéologues de tous bords. Le rire, est le seul moyen d’arrêter d’avoir peur», écrit-il. «Pasticher, parodier, se moquer des hommes politiques et des médias est un acte politiquement sainTous les tizenfants a d’ailleurs été diffusé sans heurts sur les ondes de Radio Nova ou d’Europe 1 : «Chez Ruquier, tout le monde avait trouvé ça drôle»…

«Pas d’interférence». La Sacem se dit elle «choquée de se voir accusée de censure». Et affirme «qu’en aucun cas elle n’interfère sur le contenu des oeuvres». Aux Inrockuptibles, on s’étonne que l’histoire ait pris un tel tour et on avance des arguments artistiques. «Polémix et La Voix Off étaient effectivement parmi les 80 préselectionnés sur les 7000 démos envoyées. Ces 80 titres ont été soumis à la rédaction musique qui en a sélectionné 20« , explique Laurent Lafon, responsable promotion. «Chaque journaliste a choisi ses favoris, un seul a voté pour ce titre« , résume t-il. «L’avis de la Sacem n’a a aucun moment interféré avec le processus, le morceau a été jugé uniquement sur ses qualités artistiques». Pourquoi alors avoir sollicité la Sacem ? «Etant donné les délais très courts, on a envoyé des documents légaux aux 80 préselectionnés, on vérifie qu’ils ont bien obtenu l’accord des ayants droit, notamment pour l’utilisation de samples» précise Laurent Laffon. Le cas du remix sarkozien s’avère problématique : «J’ai demandé conseil à la Sacem sur l’utilisation d’échantillons de voix d’hommes politiques, parce que c’était atypique et que je pensais que ça pourrait poser problème s’il avait été retenu», se défend Jean Daniel Beauvallet, chargé de la préselection.

«Qu’est-ce que ça veut dire ?« , interroge Polémix, « il faudrait demander l’autorisation aux hommes politiques d’utiliser leur voix ? Si on se met à considérer Sarkozy comme Brassens !». Le département juridique de la sacem ne répond pas sur ce point précis, mais pointe les risques de diffamation, et les condamnations qui s’en suivront à coup sûr en cas de diffusion. «Bon, le responsable a pris ça au pied de la lettre. Mais ce conseil, on n’a pas eu besoin d’en tenir compte« , insiste Jean-Daniel Beauvallet, « et même si le morceau avait été retenu, on serait passés outre, il est clairement parodique, je l’ai d’ailleurs chroniqué dans les pages du magazine. Quant à Sarkozy, on est pas les derniers à avoir envie de le critiquer».

Marie Lechner.

(1) www.lesinrocks.com/inrocks/galerie/cqfd2006

Nouvel Obs.com 2/2 : 6 Janvier 2006.

Logo Nouvel Obs.comLa Sacem censure un titre parodiant Sarkozy

Sélectionnée par les Inrockuptibles, la chanson « Tous les tizenfants » du groupe formé par Polémix et La Voix Off, basée sur une interview de Nicolas Sarkozy, devait faire partie de la compilation « CQFD« , éditée par le magazine et en kiosque le 28 décembre 2005. Les deux membres du groupe « ont eu la joie d’apprendre que (leur) morceau avait été sélectionné parmi 7.000 maquettes. Cela représentait une extraordinaire opportunité de faire connaître un peu notre travail au niveau national« . Sur la soixantaine d’artistes choisie pour les compilation des trois dernières années, la moitié a en effet signé dans une maison de disque depuis la sortie des disques. Un véritable tremplin.

Condamnations : Mais c’était sans compter sur la Sacem. Partenaire de l’opération « CQFD« , la Société de gestion collective du droit d’auteur pour la musique a informé les Inrockuptibles fin novembre qu’elle s’opposait à la diffusion du titre, estimant que celui-ci n’était « pas diffusable« . Raisons invoquées : le montage : des propos de Nicolas Sarkozy rappellerait certains crimes commis par les nazis, comme la sélection d’êtres humains ou leur suppression pour inutilité. La Sacem affirme également que le ministre de l’Intérieur ne tolèrera pas de tels propos et menace les auteurs de lourdes condamnations.

« Censure » : Le groupe crie à la « censure » et se dit « diffamé puisqu’on (lui) prête une intention qu'(il) n’a jamais eue, à savoir faire passer Sarkozy pour un fasciste« . Les membres du groupe expliquent que leur intention n’était pas de diffamer ou d’insulter, comme le prétend la Sacem, mais de « faire rire avec de l’absurde » et affirment que leur titre a déjà été diffusé « sur Europe-1, sur Nova, et sur une vingtaine de radios associatives en France, sans que cela n’ait créé aucun problème« . La Sacem a cependant convaincu les Inrockuptibles et le morceau ne figure pas dans la compilation. En novembre, Nicolas Sarkozy était lui-même intervenu pour faire interdire la publication d’une biographie de sa femme, Cécilia.

Rire c’est arrêter d’avoir peur ! (Et toc !)

La Voix OffEn consultant notre Revue de Presse, vous verrez que l’affaire « Sacem-Tizenfants«  a fait un peu de foin.

En léger désaccord, (sur la forme mais pas sur le fond), avec Polémix, la Voix Off répond cette bafouille grandiloquente ! C’est pas tous les jours qu’on se fait traiter de nazis !

– Janvier 2006 : La Voix Off :  » Soyons précis : d’abord, tout est de la faute de Polémix qui est le créateur de ce sketch que gu a mis en musique. Je vous jure que je n’ai rien à voir là dedans !

D’autre part, je ne suis pas d’accord avec mon ami et comparse Polémix sur l’affirmation suivante : « La sacem nous censure« .
Les faits sont les suivants : Le journal les Inrockuptibles, voulant nous éditer sur une compilation, a demandé son avis au service juridique de la Sacem. Une responsable de ce service le leur a déconseillé.

Mais jamais la Sacem ne nous a censurés ! Elle n’en a ni le pouvoir ni la mission.

Par contre…

– Quand, sous le prétexte que le sketche « Les Tizenfants » fait référence au nazisme, cette responsable du service juridique de la Sacem fait peur aux Inrocks en leur conseillant de ne pas éditer ce morceau, on peut y voir une forme de censure.

– Que le magazine les Inrocks se dégonflent : on peut y voir une forme d’auto-censure. (Il a bien vieilli le rock d’ailleurs !).

Pas étonnant : La peur et la censure sont dans l’air.

Il nous faut reprendre la parole au milieu du brouhaha médiatique.

La peur, répercutée par les médias, est l’arme des idéologues de tous bords.

Il faut lutter contre la peur.

Il faut rire.

Rire c’est arrêter d’avoir peur.

Rire c’est le début de la réflexion.

Rire c’est politique.

De tous temps, les grands ont eu peur que les petits se moquent d’eux.

Et le Général De Gauche n’a t-il pas dit : « Le rire est une chose trop grave pour qu’on le confie à des rigolos« ?
Avec le rire, le petit arrête d’avoir peur du grand : car le ridicule est une chose qui fait peur aux grands.

« Rire de la politique, c’est faire de la politique »

Que cette responsable de la Sacem voit du nazisme dans le sketch « Les Tizenfants » est tellement absurde que nous en sommes à peine choqués. Notre but est de faire réagir par l’absurde et le grotesque. Ce sont en particulier ceux qui délaissent leur rôle de citoyen, ceux qui ne votent plus, que nous voulons ramener vers le débat démocratique en les faisant rire.
Car rire de la politique, c’est faire de la politique.

En cette ère de peur, parodier, pasticher, se moquer des hommes politiques et des médias nous semble être un acte politiquement sain. Polémix et La Voix Off, c’est une réponse grotesque à l’abracadabrantesque déferlement d’absurdités pondues par nos « stars » de la politiques et continuellement répercutées via le grand cirque des médias.
L’absurde de nos créations n’est qu’un écho de l’absurdité générale.

Est-il nécessaire de le dire ?
Nous sommes Polémix et moi même farouchement épris de Liberté, d’Egalité et de Fraternité, une devise que nous préférons à « Travail, Conso, Bagnole« .

Est-il nécessaire de le préciser ? Nous sommes de gentils garçons, nous aimons profondément notre pays, mais nous n’aimons pas les extrémistes de tous bords, notamment ceux d’extrême droite et apparentés.

Nous sommes bien conscients que nous ne pouvons pas faire rire tout le monde.

L’art du comique est délicat. Mais nous revendiquons ce droit.

Etre républicain, c’est aussi savoir qu’il ne fait pas bon vivre dans un pays où l’on n’a pas le droit de rire.

Face à la peur qui empêche le citoyen de réfléchir, notre meilleure défense reste le sens de l’humour, du grotesque et de l’absurde.

Parce que la dérision c’est très sérieux.

La Voix Off.

Parti Socialiste : 16 Janvier 2006.

Logo PSNicolas Sarkozy censeur

Après l’interdiction de la publication d’une biographie de Cécilia Sarkozy, après la mise en cause de la culture rap et les plaintes contre un certain nombre de groupes, après la coupe de l’interview de Yannick Noah dans Paris Match critiquant le ministre de l’Intérieur, la nouvelle affaire des Inrockuptibles/Sacem – avec la censure d’un titre parodiant Nicolas Sarkozy -, dévoile un comportement politique inquiétant dans une démocratie comme la notre.
Ces comportements sont inacceptables. Quand on veut être un homme politique de premier plan, un candidat à l’élection présidentielle, on doit accepter la critique, la caricature, quand bien même elle vous fasse mal, parce que c’est l’esprit de la démocratie.
À quelques mois des élections de 2007, les coups de pression, les autocensures, en un mot la peur que suscite Nicolas Sarkozy, doivent cesser et être combattus, au risque que cette peur se répande dans l’ensemble de la société.

Malek BOUTIH, Secrétaire National aux Questions de Société