15 Août 1944 : Les alliés débarquent en Provence. Des armées nazies qui évacuent le sud de la France, passent par Sorgues, petite ville du Vaucluse.
18 Août : Soudain, le flot des convois de la Wehrmacht qui traversent Sorgues s’interrompt. Silence sous le cagnard. Une longue colonne de plus de 700 prisonniers et prisonnières épuisé.e.s, en guenilles, très sévèrement encadrés par 180 soldats allemands à cran, arrive à pied des vignobles de Chateauneuf-du-Pape. Parmi ces misérables aux allures de bagnards : Un curé en soutane ! Un facteur et un gendarme français en uniforme ! Une quarantaine de marins de la Kriegsmarine eux aussi prisonniers en uniforme !
Qui étaient ces pauvres gens ? D’où venaient-ils ? Où allaient-ils ?
Les alliés ne sont alors qu’à quelques dizaines de kilomètres de là : Pourquoi les nazis donnent-ils priorité de passage à ce convoi de martyrs ? Plutôt qu’au repli vers l’Allemagne de de leurs propres troupes ?
2014 : 70 ans après, reportage avec Charles dans les rues de Sorgues…
Avant de rentrer dans l’Histoire du Train Fantôme, deux témoins évoquent leurs souvenirs d’enfance à Sorgues, petite ville du Vaucluse, pendant le régime fasciste de Vichy, puis sous Occupations allemande et italienne.
1944 : Charles, fils d’artisan, a 11 ans. Joseph, issu d’une famille d’ouvriers agricoles, en a 16. Charles n’est ni juif, ni fils de communiste… Pour cet enfant farceur et insouciant, l’occupation est le décor de 400 coups pendables et autres jeux interdits. Mais ce 18 Août 1944, la guerre devient soudain une chose sérieuse et dangereuse. Ce jour là : Une cohorte d’environ 800 prisonniers et prisonnières, sévèrement encadrés par 180 soldats allemands, traverse la ville à pied, en direction de la gare. Qui étaient ces misérables captifs et captives ? Où les emmenait-on ?
Charles et Joseph ne savaient pas encore qu’ils avaient vu passer les déporté.e.s du Train fantôme.
Un reportage inédit enregistré à Sorgues en août 2014. Enfin diffusé dix ans plus tard…
Cela fait des années que je veux vous raconter l’incroyable et macabre histoire du Train Fantôme : Un convoi de déportation qui, de juin à août 1944, met deux mois à atteindre Dachau.
Quand j’étais gamin, ma grand-mère (qui n’avait pas vécu cette aventure), nous racontait comment son mari s’était évadé d’un convoi qui l’emmenait en Allemagne. Mais ce récit d’évasion flottait un peu hors contexte. Or, ce 26 Août 1944, c’est bien d’un convoi de déportation dont Jean Diaz s’échappe.
Alors que j’ai toujours connu cette histoire, j’ai mis longtemps à comprendre que l’évadé avait aussi été déporté, alors qu’il n’était ni juif, ni communiste, ni résistant, mais simple soldat en cavale.
Ce premier épisode de cette longue saga à venir vous propose la lecture de la dernière partie des mémoires de guerre de Jean Diaz. Ce document exceptionnel rédigé fin 1944 est ma première prise de contact sérieuse de ce que fut la guerre de mon grand-père.