L’une des raisons de l’apparition du Front Populaire de 1936, est la peur que suscita la grande manifestation fasciste du 6 février 1934.
Rediffusion de cette émission de juin 2013, réalisée après le meurtre du syndicaliste Clément Méric assassiné par des fascistes.
Podcast: Download
20 Minutes avec AFP
Publié le 31.03.2016 à 18:38
Mis à jour le 31.03.2016 à 18:38
Une rencontre entre deux camps que tout oppose, des invectives, puis les coups mortels : l’enquête judiciaire sur la mort du militant antifasciste Clément Méric, causée par des skinheads en juin 2013 à Paris, s’est récemment achevée, ouvrant la voie à un possible procès.
Un symbole pour les « antifas »
Quatre skinheads sont mis en examen, dont deux pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, des faits passibles de la cour d’assises, et deux autres pour violences.
La mort de Clément Méric, 18 ans, devenu un symbole pour les « antifas », avait causé un vif émoi, faisant resurgir le spectre des violences de l’extrême droite, à l’époque où des groupuscules causaient déjà des incidents lors des manifestations contre le mariage homosexuel.
Alors ministre de l’Intérieur, Manuel Valls avait dénoncé un « assassinat » et le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, avait promis de « tailler en pièces » ces groupuscules d’extrême droite.
Dans la foulée, le gouvernement avait dissous Troisième Voie, dont étaient issus les skinheads, et son service d’ordre, les Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR), que dirigeait Serge Ayoub, un vétéran de la mouvance.
Mais les juges d’instruction se sont orientés vers la thèse d’une bagarre qui tourne au drame. Ils avaient écarté une intention de tuer dans les mises en examen, notamment à l’égard des deux principaux mis en cause, Esteban Morillo, 23 ans, et Samuel Dufour, 22 ans, remis en liberté après plus d’un an de détention provisoire.
« On les a défoncés »
L’enquête a tenté d’établir le scénario qui a conduit à la mort du jeune étudiant de Sciences-Po, militant de l’Action antifasciste Paris-Banlieue.
Le 5 juin 2013, dans l’après-midi, quartier Saint-Lazare, Clément Méric et Esteban Morillo ne sont pas encore là quand les deux groupes se croisent par hasard dans une vente privée de vêtements prisés par les deux mouvances. Selon plusieurs témoins, des invectives partent des militants d’extrême gauche, qui disent avoir vu les skins ranger des poings américains. De leur côté, les skins appellent des renforts, dont Esteban Morillo.
L’un des vigiles demande aux antifascistes de partir, mais ces derniers, rejoints par Clément Méric, restent dans la rue. Le vigile demande aux skinheads de sortir par la droite, pour éviter toute rencontre. Mais ils choisissent de partir à gauche. Chaque camp s’accuse ensuite d’avoir provoqué l’autre.
Autre interrogation, Morillo et Dufour sont soupçonnés d’avoir utilisé un poing américain, une arme prohibée, ce qu’ils contestent malgré des témoignages. Des SMS de Samuel Dufour au soir des faits, révélés par une expertise, allaient dans ce sens. « J’ai frappé avec ton poing américain », disait l’un d’eux. « On les a défoncés », disait un autre.
Mais si Morillo reconnaît avoir frappé à deux reprises le jeune « antifa » au visage, à poing nu, Samuel Dufour assure ne pas l’avoir touché, ce qu’ont confirmé d’ailleurs deux antifascistes devant les juges, dont l’un a été placé sous le statut de témoin assisté.
Les expertises médicales n’ont pas aidé à y voir plus clair. Selon l’une d’elles, les blessures constatées chez les antifascistes, dont Clément Méric, « ne sont pas évocatrices et en faveur de coups portés avec un » poing américain » ».
« Complément d’expertise »
Mais « un complément d’expertise, versé au dossier en novembre 2015 n’exclut pas l’utilisation d’un objet pouvant servir d’arme compte tenu de la forme de l’ecchymose » au visage de ClémentMéric, explique une source proche du dossier.
La fin de l’enquête judiciaire ouvre un délai théorique de trois mois durant lequel les parties peuvent faire des observations ou demander de nouveaux actes d’enquête. Ensuite, il appartiendra au parquet de Paris de prendre ses réquisitions, avant la décision des juges d’instruction de renvoyer ou non les protagonistes en procès.
Signe des tensions récurrentes entre ces militants, l’un des skinheads mis en examen avait été violemment agressé le 12 avril 2015 dans le 13e arrondissement de Paris. Un jeune homme et une jeune femme, proches de la mouvance antifasciste, ont été mis en examen pour cette agression, à coups de planche, visiblement préparée.