Jean Zay – Episode 1 – L’héritage d’un jeune et brillant antifasciste

Jean Zay & enfants au théâtre-Ministre de terrainJeune et brillant Ministre de l’Education Nationale et des Beaux Arts du Front Populaire de 1936, Jean Zay invente, improvise et réalise en peu de temps une oeuvre de courage, d’humanisme et d’intelligence :

Ambition, par d’innombrables mesures, de démocratisation et d’ouverture de l’école : Scolarité jusqu’à 14 ans. Classes d’orientation. Sport à l’école…

Création du CNRS, de divers musées, des bibliobus, du Festival de Cannes et de mesures d’encouragement au cinéma… Et un projet d’ENA ouverte aux classes populaires.

Au delà des ces réalisations plus que jamais d’actualité, Jean Zay nous a aussi légué un héritage de courage politique contre les barbaries fascistes.

Une heure avec Hélène Mouchard-Zay, fille de cet homme extraordinaire.

Jean Zay – Episode 2 – 1940 – Résistant contre le choix de l’étrange défaite

Jean Zay soldat et diffamé dans Gringoire2 septembre 1939 : Alors que rien ne l’y obligeait – si ce n’est son sens moral – Jean Zay démissionne de son poste de ministre et demande à combattre. Ses chefs militaire voudront le faire décorer pour son courage.

Le régime fasciste de Vichy tentera pourtant de faire passer Jean Zay pour un déserteur. Simulacre de procès qui évoque celui de Dreyfus.

Or, tout comme De Gaulle, (également accusé de désertion), Jean Zay choisit de continuer la lutte contre les nazis, non pas depuis Londres, mais depuis l’Afrique du Nord, hélas contrôlée par les traitres de Vichy : Piège.

Mais qui a vraiment trahi et déserté ? Pas Jean Zay. Mais assurément une partie de l’état-major français, au service de l’oligarchie économique.

Après avoir clamé « Plutôt Hitler que le Front Populaire » en 1936, des dirigeants économiques de la France ont opté pour le choix de la défaite face aux nazis. Après une « drôle de guerre » consistant pour les Français à trahir et abandonner leur alliée La Pologne, et à attendre que les armées allemandes envahissent la France… en repassant par là où elles étaient déjà passées en 1914 ! « Etrange défaite » écrit Marc Bloch dès 1940 !

Ce n’est pas une erreur de stratégie, mais un choix : celui de la trahison et du fascisme, qui permettront au capital français d’en finir avec toute idée de Front Populaire… au moins pendant les quatre années de l’occupation.

Jusqu’au retour des conquis sociaux, à la Libération, avec le Programme du CNRLe Conseil National de la Résistance.

A voir et revoir absolument : Le documentaire « Le chagrin et la pitié » de Marcel Ophüls.

Jean Zay – Episode 3 – Duel Pétain-Zay ? – Jeunesse fasciste de Vichy… contre éducation républicaine du Front Populaire

Zay-Pétain-Auberges-Chantiers

Comme tous les régimes totalitaires, la dictature fasciste de Pétain usait de propagande et de marketing pour contrôler les esprits, jeunes et adultes… Des enjeux de la jeunesse, de l’école, de la culture, du sport… Vichy fit d’autres champs de batailles de cette guerre civile française de 1940-1944 :

– Contrôle. Endoctrinement des jeunes. Culte du Maréchal… Contre l’éducation populaire et républicaine du Front Populaire.

Jean Zay, jeune républicain de « la vraie gauche ». Egalitaire. Humaniste. Laïc. Efficace Ministre de l’Education Nationale et des Beaux Arts du Front Populaire, apprécié par nombre d’enseignants : Jean Zay – qui avait de lointaines origines juives – avait tout pour être haï par Vichy qui le présentait comme un archétype de « judéo-bolchévique anti-France«  et « d’instituteur socialo-youpin parasitant les têtes de nos jeunes Gaulois« . Propagande raciste toujours d’actualité dans l’extrême-droite d’aujourd’hui… Notamment avec la stupide polémique du Drapeau, poème anti-guerre que le jeune Jean Zay écrit à 19 ans, en 1924, 6 ans après la Grande Boucherie de 14-18.

Mais au delà du racisme d’Etat de Vichy, peut-on supposer que la momie vivante de Pétain, (si soucieux de son image et de son propre culte), aurait pu jalouser le jeune Zay, ses succès, sa popularité ? Peut-être même au point d’en faire une obsession personnelle ?

Avec des extraits de Souvenirs et solitude, magnifique journal que Jean Zay rédige entre 1940 et 1943.

Jean Zay – Episode 4 – Héros oublié qui manqua à la République

667AP/141/955Pendant un demi siècle, pas de « devoir de mémoire »,  encore moins de devoir d’Histoire pour Jean Zay. Pourquoi disparait-il totalement pendant 50 ans ? Pour réapparaitre dans les années 90 ? Et entrer au Panthéon en 2015 ?

Qu’est-ce que cette odieuse polémique du Drapeau, poème qu’il écrit à 19 ans, en 1924, 6 ans après la fin de la Grande Boucherie de 14-18 ? (Texte ci-dessous).

A la Libération, de Gaulle forge le mythe d’une France unie – autour de lui – dans la résistance contre l’occupant. Légende dont Jean Zay est escamoté. Avec ses réalisations de 36-39, le jeune Ministre de « la vraie gauche », dérangeait déjà de son vivant. Mort, il dérange aussi, car il n’a pas été assassiné par des Allemands, mais par des Français de la Milice. Victime d’une guerre civile française. Dérangeant rappel de ce temps où les Français ne s’aimaient pas. S’aiment-ils mieux aujourd’hui ?

La République qui renait en 1944, blanchit des cohortes de collaborateurs français des nazis : Hauts et petits fonctionnaires, militaires… eux mêmes serviteurs d’importants financiers et industriels français, traitres et membres des 200 familles, qui comprennent dès 1941 que les nazis, (sur lesquels ils misaient depuis les années 30), vont perdre la guerre, que les USA vont devenir les nouveaux maitres du monde, et qu’il faut changer de monture.

Jean Zay – son humanité, sa moralité, ses convictions républicaines, son enthousiasme, son inventivité, sa vitalité…  ont cruellement manqué à la renaissance d’une France dont une grande partie de l’appareil restait truffé de traitres, collabos, anti-républicains et de profiteurs capitalistes sans scrupules… France dont des descendants des 200 familles sont aujourd’hui toujours au pouvoir. Et dont les crimes contre le peuple alimentent toujours le terreau du fascisme français, vieille tradition de ce pays.

De Jean Zay, il nous reste un héritage social détruit par tous les gouvernements, y compris par ceux qui se prétendent « de gauche ». Et Souvenirs et solitude, magnifique journal où il évoque présent de la prison. Le passé des réalisations et de la vie gouvernementales des années 30, (et notamment les puantes coulisses de l’odieuse politique munichoise en faveur des régimes fascistes). Et futur des réformes à entreprendre pour une République plus juste et plus forte. Comme celle que voulaient nous léguer les héros de la Résistance française du CNRConseil National de la Résistance – qui, avant de s’effacer, nous ont, en 2003, lancé cet appel.

Entretien avec Hélène Mouchard-Zay, l’une des deux filles de Jean Zay, et l’une des fondatrices du CERCIL : Centre d’Etudes et de Recherches sur les Camps d’Internement du Loiret.


LE DRAPEAU – Par Jean Zay – 19 ans en 1924.

Ils sont quinze cent mille qui sont morts pour cette saloperie-là.

Quinze cent mille dans mon pays, Quinze millions dans tous les pays.

Quinze cent mille morts, mon Dieu !

Quinze cent mille hommes morts pour cette saloperie tricolore…

Quinze cent mille dont chacun avait une mère, une maîtresse,

Des enfants, une maison, une vie un espoir, un cœur…

Qu’est ce que c’est que cette loque pour laquelle ils sont morts ?

Quinze cent mille morts, mon Dieu !

Quinze cent mille morts pour cette saloperie.

Quinze cent mille éventrés, déchiquetés,

Anéantis dans le fumier d’un champ de bataille,

Quinze cent mille qui n’entendront plus JAMAIS,

Que leurs amours ne reverront plus JAMAIS.

Quinze cent mille pourris dans quelques cimetières

Sans planches et sans prières…

Est-ce que vous ne voyez pas comme ils étaient beaux, résolus, heureux

De vivre, comme leurs regards brillaient, comme leurs femmes les aimaient ?

Ils ne sont plus que des pourritures…

Pour cette immonde petite guenille !

Terrible morceau de drap coulé à ta hampe, je te hais férocement,

Oui, je te hais dans l’âme, je te hais pour toutes les misères que tu représentes

Pour le sang frais, le sang humain aux odeurs âpres qui gicle sous tes plis

Je te hais au nom des squelettes… Ils étaient Quinze cent mille

Je te hais pour tous ceux qui te saluent,

Je te hais à cause des peigne-culs, des couillons, des putains,

Qui traînent dans la boue leur chapeau devant ton ombre,

Je hais en toi toute la vieille oppression séculaire, le dieu bestial,

Le défi aux hommes que nous ne savons pas être.

Je hais tes sales couleurs, le rouge de leur sang, le sang bleu que tu voles au ciel,

Le blanc livide de tes remords.

Laisse-moi, ignoble symbole, pleurer tout seul, pleurer à grand coup

Les quinze cent mille jeunes hommes qui sont morts.

Et n’oublie pas, malgré tes généraux, ton fer doré et tes victoires,

Que tu es pour moi de la race vile des torche-culs.