Quand elle se sent menacée par le peuple français, la bourgeoisie française a pour habitude de demander de l’aide à l’étranger.
1860-1870 : Napoléon III accorde quelques droits à la classe ouvrière. Ce qui effraie la bourgeoisie. 1870 : Pour conforter son pouvoir, Napoléon III déclare la guerre à la Prusse. L’armée française est commandée par le Maréchal Bazaine, pour qui le danger n’est pas l’envahisseur prussien, mais la classe ouvrière française. Trahison de Bazaine … Cette même logique de classe est à l’oeuvre dès les années 1920, avec la trahison de Pétain qui aboutit en 1940 …
Car comparé à l’impérialisme allemand ou étasunien, l’impérialisme français est faible. Notamment à cause de ce peuple français parfois très remuant …
Avec l’historienne Annie Lacroix-Riz, Professeur émérite à l’Université Paris VII.
Vichysto-résistance ? Concept récemment forgé de toutes pièces dans les années 80-90, dans le cadre d’une réhabilitation de Vichy et de Pétain.
La fable de la vichysto-résistance émerge dès le Procès Pétain de 1945. Pétain était initialement accusé de haute trahison, d’intelligence avec l’ennemi … Pétain était le chef du groupe terroriste d’extrême-droite La Cagoule, bras armé de la Synarchie (qui, parait-il, n’existe pas). Mais au procès, de trahison, l’accusation glisse à « simple » collaboration.
Après s’être servi de la résistance des communistes pour exister, de Gaulle garantit la non-épuration et le status-quo aux Américains et à la bourgeoisie française. L’ennemi reste le rouge.
On continue avec l’essentiel des cadres de Vichy. Petits et gros collabos restent en place. Dans la police et la magistrature, comme dans la haute bourgeoisie industrielle et bancaire. (A part quelques exemples comme Renault, passé à la savonnette à vilain).
Un petit jeune homme d’extrême-droite, proche dela Cagoule et de l’Action française, sert si bien Vichy qu’en 1943, le Maréchal Pétain le décore de la Francisque. Après-guerre, le jeune homme est protégé et financé par le gros collabo Eugène Schueller, fondateur de l’Oréal. En 1971, le gars devient chef du Parti Socialiste. Ce jeune homme n’a laissé aucune trace de résistance dans les archives. Il s’appelait François Mitterrand. Il paraît que c’était un grand homme de gôôche.
Comment, dès les années 20, le noyau dur du capitalisme français finance les fachismes d’Europe. Prépare le tandem Pétain-Laval dans les années 30. Et en 1940, oeuvre à l’étrange défaite militaire de la France…
Histoire fort gênante pour les dynasties financières qui gouvernent toujours la France. Histoire bien contrôlée par des larbins qui se prétendent historiens.
Comme tous les régimes totalitaires, la dictature fasciste de Pétain usait de propagande et de marketing pour contrôler les esprits, jeunes et adultes… Des enjeux de la jeunesse, de l’école, de la culture, du sport… Vichy fit d’autres champs de batailles de cette guerre civile française de 1940-1944 :
– Contrôle. Endoctrinement des jeunes. Culte du Maréchal… Contre l’éducation populaire et républicaine du Front Populaire.
Jean Zay, jeune républicain de « la vraie gauche ». Egalitaire. Humaniste. Laïc. Efficace Ministre de l’Education Nationale et des Beaux Arts du Front Populaire, apprécié par nombre d’enseignants : Jean Zay – qui avait de lointaines origines juives – avait tout pour être haï par Vichy qui le présentait comme un archétype de « judéo-bolchévique anti-France« et « d’instituteur socialo-youpin parasitant les têtes de nos jeunes Gaulois« . Propagande raciste toujours d’actualité dans l’extrême-droite d’aujourd’hui… Notamment avec la stupide polémique du Drapeau, poème anti-guerre que le jeune Jean Zay écrit à 19 ans, en 1924, 6 ans après la Grande Boucherie de 14-18.
Mais au delà du racisme d’Etat de Vichy, peut-on supposer que la momie vivante de Pétain, (si soucieux de son image et de son propre culte), aurait pu jalouser le jeune Zay, ses succès, sa popularité ? Peut-être même au point d’en faire une obsession personnelle ?
Avec des extraits de Souvenirs et solitude, magnifique journal que Jean Zay rédige entre 1940 et 1943.