La Nouvelle République : 12 Mars 2007.

Publié le 18 mars 2006

Logo NRToute la lumière sur le gyrophare… Bulle et bouffonnerie.

GyrophareIl faut imaginer une grosse boule transparente, style soucoupe volante, ou boule à neige, posée place de la Préfecture à Tours, ce dimanche à la tombée de la nuit. À l’intérieur, deux animateurs sortis de leur boîte « RF », sur fond de drapeau tricolore, et un gyrophare faisant son boulot de gyrophare. A l’extérieur, deux faux gendarmes, version Saint-Trop’ popu, qui font les zouaves, amusent la galerie, deux, trois cents personnes, des jeunes, quelques familles. Et une sono franchement mal calée.
Entre deux musiques techno, la bande-son débite slogans et gags, imitations d’hommes politiques, et on rigole de « sarkozyque » et « chirap ». Même Bayrou et Pasqua en prennent pour leur grade. Il y a le « jeu du Jacques a dit » (Jacques Chirac, le même qui s’adressait aux Français hier à 20 h), et les « appels à la grève, aux barricades » car « faut que le combat de rue s’engage partout », avec la voix mixée de Giscard. Cela rappelait le bon vieux temps de 1981. On parle de « Ségo, irrationnel, surnaturel ». Et des témoignages d’inconnus, d’ouvriers, employés, qui abordent les grands sujets du moment, le chômage, l’usine, l’école à deux vitesses, la « France d’en bas de Raffarin, et s’attaquer aux petits, c’est vraiment petit (…) que l’on s’occupe du peuple »… Pas la même ambiance que celle des Victoires de la Musique de la veille à la télé (bien que…), mais bon, il faut bien rire de tout. Sur des barrières, des affiches électorales rappellent qu’on est en campagne présidentielle. Sur l’une d’elles, il a été rajouté au feutre gras : « Le Pen facho, Sarko-labo. »
Pour les uns, il y a comme un malaise. D’autres s’amusent bien. Il faut de tout pour faire un monde d’électeurs. « Bouffonnerie citoyenne », explique elle-même l’organisation, Franck Mouget, Polémix et la Voix Off, la compagnie tourangelle Le Muscle, et Bruno Candida, avec le soutien de la Compagnie Off. Elle appelle cela du « théâtre d’intervention ». Et une « farce politico-poétique ». Politico-anarchiste, dans la veine antilibérale, altermondialiste, alternative. Poétique ? Cela dépend où l’on place la poésie.
Une grosse bulle (mais chacun ne l’est-il pas, dans sa bulle quotidienne ?), et beaucoup de bouffonnerie. On résumera ainsi la soirée de la place de la Préfecture. En s’abstenant, à défaut de voter nul.
O.P.

Photo : Rakaille Le Rouge.