Radio Garage – Episode 1/3 – 1984, dans une si tranquille petite ville de province…

Radio Emetteur1981 : Législation sur l’autorisation d’émettre de radio libres. A une époque sans internet, sans ordinateur, sans téléphone portable, une radio, c’est quelque chose !

1984 : Virés d’une radio associative, quelques excités de province improvisent, dans un garage, une nouvelle radio qui n’est pas encore devenue Radio Béton, désormais 93.6 à Tours. Ville dont le légendaire Jean Royer fut maire pendant 36 ans. (Vidéo).

Plongée dans l’atmosphère d’une moyenne ville de la France du siècle dernier, dans un pays à peine sorti des années Giscard et de la courte illusion Mitterrand. Fin des utopies, cynisme sur fond de crise et retour progressif des esprits vers la vrai droite.

Des promesses du PS de 1981, il ne reste plus aujourd’hui que des radios libres… où des animateurs de robinets à musiques sans message n’ont parfois plus grand chose à dire, et encore moins à revendiquer…

Même avec des ancêtre « alternatifs », les « musiques actuelles » ne sont pas forcément libertaires ou « de gauche »…

Radio Garage – Episode 2/3 – Insolente et cynique, la préhistoire de Radio Béton

TSF-1931-Tsf qu'il vous faut1986 : Les promesses de gauche du PS sont trahies depuis 1983… Agonie des utopies. No Future en promo, époque cynique, flash, fluo, synthé, clip, fric… et post-punk.

Après avoir été éjectés d’une précédente radio par des gauchistes – qui, de plus, ont volé le matériel – , les insolents fondateurs de ce qui n’est pas encore Radio Béton vont conserver une méfiance paranoïaque vis à vis de tout le monde, et notamment des gens de gauche, militants, de ceux qui ont la prétention de faire des phrases (parfois même avec des mots)… Parano anti-intellos déguisée en « punk attitude ».

Le traumatisme de la trahison dont les pionniers de Radio Béton ont été victimes, pose les bases de 30 années de dysfonctionnement associatif clanique et stalinien guère propice à l’évolution et au travail radiophonique. Une hermétique tribu de gardiens de la chapelle punk-rock contrôle un temps l’outil, qui, au fil du temps, va muter en robinet à musiques de moins en moins révoltées, à l’image des époques traversées. LE combat fondateur, c’était d’écouter des ziziques dites « non commerciales ». Même si ces musiques « alternatives » se vident progressivement de leur sens, et deviennent des produits de consommation après avoir été, elles aussi, récupérées par le business.

De toute façon, depuis l’autorisation des radios libres – et à par éventuellement tenter d’être drôle sans toujours y parvenir – plus personne n’a plus rien à dire  : 68 et les revendicatives années 70 sont terminées depuis longtemps. Consuméristes, égocentrées, désabusées, les années 80 marquent le début de la fin de l’espoir…

Radio Garage – Episode 3/3 – Faites du bruit ! … Mais fermez vos gueules !

TSF-TransistorL’anti-fascisme – et donc l’opposition au FN – sont les seules orientations politiques que Radio Béton aie jamais clairement affichées, du moins à ses débuts.

Mais au fil des ans – à l’instar d’une société qui glisse progressivement à droite – la conscience politique à Béton s’étiole au profit de flots de musiques qui ne disent plus grand chose.

Si « Faites du bruit » est devenu un slogan de concert… l’époque est à fermer sa gueule.

Années 80 : Face au rouleau compresseur de l’industrie de la musique commerciale, diffuser des artistes « alternatifs » a encore une allure d’acte politique. On ne milite plus, mais au moins on ne consomme plus de musiques de supermarché. Courte illusion puisque le business sait tout récupérer pour le revendre, y compris les attitudes anticonsuméristes de façade. Puis la mode « alternative » cède la place à d’autres produits de consommation musicale… sans messages.

Autre objectif politique de Radio Béton, réussi depuis 30 ans celui-là : culture populaire dans la ville. Pour une cotisation modique, accès facile à un micro et des ondes sans censure ! Radio libre !

Et toujours avec le soucis d’offrir des tarifs abordables, la radio organise des festivals d’une exceptionnelle qualité, comme Aucard de Tours ou le génial et défunt Au nom de la Loire (gratuit). Quand Radio Béton excelle, ce n’est pas quand elle fait de la radio, mais quelques jours par an, quand elle organise un festival