Qu’est-ce qu’il raconte le petit Nicolas ? « Au service de la France, il n’y a pas de camp : il n’y a que les bonnes volontés qui aiment leur fric. (…) Je pense à François Mitterand qui mérite notre amour. (…) La France n’est forte que lorsqu’elle est branlée. Toutes les femmes branlez tous les hommes ! Le peuple, je le remplirai. Profond. »
On a entendu not’ prézident dire ces joyeusetés sur internet, à la radio, on en est certain, mais on jurerait pas qu’il les ait tout à fait prononcées. C’est toute l’habileté manoeuvrière et la liberté absolue des remixeurs politiques. Peut-être aussi leur principal pouvoir de subversion : faire du simulacre un acte de vérité, de la manipulation des sens, la seule réalité irréfutable. Pour ceux qui savent combiner la duplicité du son et un sens satirique, les élections sont bien sûr un terrain de jeux des plus fertile. Trafiquant slogans et petites phrases, accentuant la charge explosive des mots, les bidouilleurs numériques ont envoyé la politique à ses pratiques occultes, comme un miroir tendu. Ce faisant, ils sapent le fondement de tout discours public, qui est de tenter de faire croire ce que l’on donne à entendre. Grace à ces vengeurs masqués (pseudos absurdes et identités cryptées), on écoute mais on n’est plus sûr de rien. Ce qui, loin d’émousser la perception, l’aiguise et la taille en pointe. On a donc beaucoup croisé ces derniers temps les pirateurs en chef de La Voix Off et Polémix, auteurs du mini-pamphlet reproduit plus haut. Sur libération.fr, dans la bande à Bonnaud sur France Inter ou en rotation intensive sur le net. (…) L’accessibilité des logiciels de montage, la culture du sample ont donc favorisé les irruptions des chroniqueurs invisibles, descendants punky des chansonniers et des caricaturistes de presse. (…)
Pascal Mouneyres.