Nettement plus drôles quand ils s’en prennent à la droite qu’aux Inrocks (sur le ton Zola d’un vaudevillesque procès d’intention), ces deux Tourangeaux reviennent à leurs sampleurs, et c’est toute la rhétorique politicarde qui serre les fesses. Car désormais, on le sait ici, il ne faudra jamais plus à la tribune utiliser des mots aussi casse-gueule que « communiquer » que leurs machines débarrasseront vite, dans un gag aussi potache qu’irrésistible, de « commu« .
Comme chez les Anglais de Cassette Boy nettement avant eux, ce grand détournement consiste donc à faire dire absolument n’importe quoi aux politiciens, mais sans faire appel à des imitateurs : tous les mots (ou onomatopées, souvent) ont ainsi bel et bien été prononcés, mais jamais dans cet ordre (désordre, plutôt), tous jouissivement sortis de leur contexte (texte con ?), parfois syllabe par syllabe. Il suffit ensuite aux deux pirates de plaquer quelques instrumentaux dignes d’un Bontempi acheté en Albanie en 1975 pour, éventuellement, faire danser sur quelques slogans chocs (« Je dénonce, monsieur Hollande, la lâcheté qu’il y a dans votre chou-fleur« ) et glorieusement absurdes, où Sarkozy, « logiquement le plus samplé, car le plus présent sur les antennes » s’offre des ego-trips que l’on pensait réservés à son rent boy Gyneco.
Benjamin Montour.