L’Humanité : 14 Février 2007.

Logo HumaSouriez, ils sont enregistrés.

HUMOUR . Le duo Polémix & La Voix Off remixe et détourne les discours des hommes politiques. Un joyeux antidote à la langue de bois. Attention, ceci est un trucage…

Prenez le discours d’un homme politique. Hachez-le en mille morceaux. Recollez le tout, sans qu’il n’y paraisse, avec une bonne dose d’insolence, beaucoup d’humour et de l’esprit critique à discrétion. Rythmez le tout sur fond de musique électro ou dub. Vous obtenez un Chirap, un Balladub, un Sarkozik ou encore un MEDEF Metal. Le résultat est totalement hilarant, et la recette fait le succès du duo Polémix & la voix off (1). Au point qu’après un premier album, La Prési-danse, le concept se décline aujourd’hui en candidature à la présidentielle : celle d’un improbable Bruno Candida qui tend un miroir cruel aux aspirants à la magistrature suprême.

Féroces, ces drôles de remix tapent là où ça fait mal : dans la vacuité d’une novlangue politico-médiatique trop souvent déconnectée du réel. Si la droite est une cible privilégiée, la gauche en prend aussi pour son grade. Pas question, pourtant, pour ces deux Tourangeaux traumatisés par l’épisode du 21 avril 2002, de céder au « tous pourris ». Leur contestation se veut joyeuse et thérapeutique. « Nous avons beaucoup de respect pour la chose politique et journalistique, soutient la Voix off. C’est précisément ce qui nourrit notre indignation à l’écoute des tristes sires qui ont aujourd’hui la mainmise sur la sphère politique et médiatique ».

C’est en 1995 que le concept émerge, sur les ondes de Radio Béton, à Tours. Premier champ de bataille, la reprise, par Jacques Chirac, des essais nucléaires dans l’atoll de Mururoa. À chaque explosion, une émission. « Nous devons beaucoup à Chirac et de Gaulle, sourit la Voix off. Ce sont nos grands inspirateurs ». Et d’affecter l’allure du général en parodiant sa voix à la perfection : « Bien entendu, on peut sauter sur sa chaise comme un cabri en disant l’Europe ! l’Europe ! l’Europe ! ». Autre source intarissable d’inspiration pour le duo les innombrables raffarinades qu’ils citent aujourd’hui encore avec délectation : « La route est droite, mais la pente est raide… ». « Le fait de proférer de pareilles inepties révèle à quel point ces gens se sont affranchis du réel », souligne, plus sérieusement, la Voix off, en se remémorant les milliers de salariés qui avaient battu le pavé, en 2003, contre la réforme des retraites. Entre amertume et dérision, le jeune homme égrène les conquêtes sociales passées ces dernières années sous le rouleau compresseur des politiques ultralibérales. Sans ménager une gauche qui, a ses yeux, porte sa part de responsabilité. « Qui a dit que l’État ne pouvait pas tout face à l’économie ? Lionel Jospin, au moment des licenciements chez Michelin », rappelle-t-il.

La conviction de ces deux cyber-rejetons de dada : le rire, dans ce paysage politique sinistre, peut être une arme politique. « Les puissants ne craignent pas grand-chose, si ce n’est le ridicule et le rire des plus humbles, affirme la Voix Off. Le rire, c’est le début de la réflexion. Il peut être un moteur de la colère, une porte d’entrée vers la politique ». Et, c’est vrai qu’à l’écoute de ces impertinents montages, l’hilarité laisse vite place aux interrogations. La récurrence de certains mots ou expressions dont use Nicolas Sarkozy en dit, par exemple, beaucoup plus long sur sa vision que bien des analyses…

(1) www.polemixetlavoixoff.com.

Rosa Moussaoui

La Nouvelle République : 12 Mars 2007.

Logo NRToute la lumière sur le gyrophare… Bulle et bouffonnerie.

GyrophareIl faut imaginer une grosse boule transparente, style soucoupe volante, ou boule à neige, posée place de la Préfecture à Tours, ce dimanche à la tombée de la nuit. À l’intérieur, deux animateurs sortis de leur boîte « RF », sur fond de drapeau tricolore, et un gyrophare faisant son boulot de gyrophare. A l’extérieur, deux faux gendarmes, version Saint-Trop’ popu, qui font les zouaves, amusent la galerie, deux, trois cents personnes, des jeunes, quelques familles. Et une sono franchement mal calée.
Entre deux musiques techno, la bande-son débite slogans et gags, imitations d’hommes politiques, et on rigole de « sarkozyque » et « chirap ». Même Bayrou et Pasqua en prennent pour leur grade. Il y a le « jeu du Jacques a dit » (Jacques Chirac, le même qui s’adressait aux Français hier à 20 h), et les « appels à la grève, aux barricades » car « faut que le combat de rue s’engage partout », avec la voix mixée de Giscard. Cela rappelait le bon vieux temps de 1981. On parle de « Ségo, irrationnel, surnaturel ». Et des témoignages d’inconnus, d’ouvriers, employés, qui abordent les grands sujets du moment, le chômage, l’usine, l’école à deux vitesses, la « France d’en bas de Raffarin, et s’attaquer aux petits, c’est vraiment petit (…) que l’on s’occupe du peuple »… Pas la même ambiance que celle des Victoires de la Musique de la veille à la télé (bien que…), mais bon, il faut bien rire de tout. Sur des barrières, des affiches électorales rappellent qu’on est en campagne présidentielle. Sur l’une d’elles, il a été rajouté au feutre gras : « Le Pen facho, Sarko-labo. »
Pour les uns, il y a comme un malaise. D’autres s’amusent bien. Il faut de tout pour faire un monde d’électeurs. « Bouffonnerie citoyenne », explique elle-même l’organisation, Franck Mouget, Polémix et la Voix Off, la compagnie tourangelle Le Muscle, et Bruno Candida, avec le soutien de la Compagnie Off. Elle appelle cela du « théâtre d’intervention ». Et une « farce politico-poétique ». Politico-anarchiste, dans la veine antilibérale, altermondialiste, alternative. Poétique ? Cela dépend où l’on place la poésie.
Une grosse bulle (mais chacun ne l’est-il pas, dans sa bulle quotidienne ?), et beaucoup de bouffonnerie. On résumera ainsi la soirée de la place de la Préfecture. En s’abstenant, à défaut de voter nul.
O.P.

Photo : Rakaille Le Rouge.

7 avril, Tours : Polémix et la Voix Off en concert devant le siège de l’UMP

UMP3Pose

« Vendredi 7 avril à 17h00, Polémix et la Voix Off, 2 célèbres animateurs de Radio Béton (93.6 sur la bande FM) donnait un concert devant le siège de l’UMP à Tours.
Ce concert nommé « Danse avec la droite » était organisé dans le cadre du festival politicofestif « Débattons dans les rues« . Génial !!!
Tout s’est bien passé. Les voitures, les bus, les motos et les vélos se demandaient bien se qui se passait.
Les passants rigolaient ou faisaient la gueule. Nombreuses ont été les personnes à s’arrêter et à rester. 2 Cars de polices ont débarqués et plusieurs voitures se sont mis à klaxonner spontanément craignant sans doute la répression et voulant montrer leur solidarité. Mais la police n’a rien fait après un bref dialogue avec les organisateurs du festival.

Source : Alain sur Bellaciao :
http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=25824

http://radiobeton.com https://polemixetlavoixoff.com http://debattonsdanslesrues.com

La Nouvelle République : 25 Novembre 2006.

Logo NRPolémix et La Voix Off : entreprise de dérision politique.

Les Tourangeaux Polémix et La Voix Off se font entendre en ce début de campagne présidentielle. Leur CD « La Prési-Dance » fait du bruit. Et les DJ n’ont pas dit leur dernier mot.

UMPPolemix et La Voix Off, vous connaissez ? Ceux qui écoutent Radio Béton sont affranchis. Ceux qui lisent la presse ont déjà lu ces noms là quelque-part. Les autres vont finir par en entendre parler avec la campagne présidentielle qui s’annonce.
Polémix et La Voix Off sont deux Tourangeaux, trentaine branchée et impertinente. Les DJ « bouffons » disent-ils, ont sorti en août un CD OVNI : « La Prési-Dance« . Sur cet album qui ne compte pas moins d’une soixantaine de morceaux, on trouve des inventions comme le « Chi-Rap« , la « Sarko-Zik« , ou encore le « Balla-Dub« . Des titres évocateurs. « Nous sommes une entreprise de dérision politique. On recycle les petites phrases qui font l’actu, on fait de la contestation joyeuse et thérapeutique« .
Attention, nos deux agitateurs se veulent des gens responsables : « Nous savons très bien qu’il y a une ligne jaune à ne pas dépasser : pas d’insultes par exemple. Nous avons conscience de vivre dans un système démocratique, mais on revendique le droit de se moquer« .

De Royal à Chirac, de Sarkozy à Le Pen. Et les hommes politiques, les premiers intéressés, comment vivent-ils le fait d’être ainsi parodiés ? « Pour le moment, on a pas eu tant de retours que ça. On a simplement donné nos CD en mains propres à François Bayrou et à Jack Lang« . Guillaume a mis l’ancien ministre socialiste de la Culture au parfum : « Vous faites partie de nos victimes vous savez« . Et Jack Lang de répondre : « C’est très bien, je me prends trop au sérieux de toute façon« .
Et les victimes privilégiées de ces parodieurs-fous, plutôt des hommes de droite ou des femmes de gauche ? « Le point de départ de Polémix et La Voix Off, c’est quand même les fameuses élections de 2002 où l’on a voté Chirac. Un traumatisme. Mais depuis, on est des DJ de droite sourient les deux comparses. Donc on a d’abord ciblé à droite. Si on avait simplement voulu se faire plaisir, on aurait fait un brûlot anti-Chirac et anti-Sarkozy. Cela aurait été chiant. Là, on a tout le monde : Royal, Hollande, Le Pen, Pasqua, Villepin… Et pourtant, il y en a des vraiment pas drôles là dedans !« .
« La Prési-Dance » a ses moments vraiment jubilatoires. D’ailleurs les médias ne s’y sont pas trompés et Polémix et La Voix Off ont le vent en poupe. « Depuis 3 semaines, on fait des sons pour le site de Libération (liberation.fr). Un éditomix par semaine jusqu’aux élections. Depuis, c’est l’effervescence sur le site Internet des trublions tourangeaux : « Avant on avait 150 visiteurs par jour, aujourd’hui c’est entre 1000 et 2000« .
Voilà, maintenant, c’est fait. Vous avez eu un aperçu de ce qu’étaient Polémix et La Voix Off. Surtout, n’oubliez pas : « C’est un trucage« .

Delphine Coutier.

Les Inrockuptibles : 10 novembre 2006.

Logo InrockNettement plus drôles quand ils s’en prennent à la droite qu’aux Inrocks (sur le ton Zola d’un vaudevillesque procès d’intention), ces deux Tourangeaux reviennent à leurs sampleurs, et c’est toute la rhétorique politicarde qui serre les fesses. Car désormais, on le sait ici, il ne faudra jamais plus à la tribune utiliser des mots aussi casse-gueule que « communiquer » que leurs machines débarrasseront vite, dans un gag aussi potache qu’irrésistible, de « commu« .

Comme chez les Anglais de Cassette Boy nettement avant eux, ce grand détournement consiste donc à faire dire absolument n’importe quoi aux politiciens, mais sans faire appel à des imitateurs : tous les mots (ou onomatopées, souvent) ont ainsi bel et bien été prononcés, mais jamais dans cet ordre (désordre, plutôt), tous jouissivement sortis de leur contexte (texte con ?), parfois syllabe par syllabe. Il suffit ensuite aux deux pirates de plaquer quelques instrumentaux dignes d’un Bontempi acheté en Albanie en 1975 pour, éventuellement, faire danser sur quelques slogans chocs (« Je dénonce, monsieur Hollande, la lâcheté qu’il y a dans votre chou-fleur« ) et glorieusement absurdes, où Sarkozy, « logiquement le plus samplé, car le plus présent sur les antennes » s’offre des ego-trips que l’on pensait réservés à son rent boy Gyneco.

Benjamin Montour.