Une tordante satire de nos politiciens par un sampleur dingo
A la manière du brillant anglais Cassette Boy, qui passe sa vie à enregistrer, découper, recoller et remodeler les discours des politiciens jusqu’à leur faire tenir les propos les plus surréalistes ou infâmes (il a également réussi, par des centaines de copier-coller, à faire aboyer Walk on the Wild Side de Lou Reed à son chien…), le Tourangeau Polémix est un couillon de la lune.
Avec son nom de bagarreur dans Asterix, il continue encore et toujours de lutter contre l’envahisseur télévisuel : Nicolas Sarkozy, dont la dialectique fait les frais d’un sampleur vicieux et rigolard, qui comprend tout de travers, bégaye, déraille, délire, crachouille et balbutie avec la volubilité d’un ivrogne goguenard (les tordants Vous saurez tout sur Sarkozy ou Tous les Tizenfants)… Parfois, Polémix fait aussi guincher, sur une drum’n’bass en basse fidélité ou une techno déclassée : on danse alors jaune, pendant que La Voix Off continue, inlassablement à marteler l’indicible – sans, et c’est ce qui dérange le plus, qu’on s’en offusque vraiment : comme si ces atrocités bricolées d’une main cinglée s’inscrivaient dans un lent et implacable glissement vers le monstrueux ordinaire. On peut appeler ça une démonstration par l’absurde. Mais si Sarkozy et ses petites phrases Vermot restent la principale victime de cet humour potache et de ces collages barbares, on croise aussi un Chirac au sommet de l’éloquence, de la syntaxe et de la gaudriole (Heu…, ou un tordant vrai-faux Le Maillon Faible) ou même quelques antiquités archivées d’un autre siècle, dont des certains Lionel Jospin ou Jean-Pierre Raffarin.
Ils faisaient quoi, eux, déjà ?
Jean-Daniel Beauvallet.